Elections européennes : en attendant le verdict des urnes…

Mesurer les intentions de vote dans la perspective d’un scrutin électoral, quel qu’il soit, est toujours un exercice délicat. Il l’est davantage encore lorsque le désintérêt des électeurs atteint des niveaux rarement observés sous la Cinquième République, couplé à une atomisation de l’offre électorale dont les élections européennes (scrutin à la proportionnelle oblige) ont le secret.

A trois jours du scrutin, 43% des personnes interrogées par TNS pour ses partenaires médias se déclaraient intéressées par l’élection (*). Vendredi, un dernier sondage Ifop pour ParisMatch.com évaluait l’abstention à 63%, soit une hausse potentielle de six point par rapport à 2004. Plus généralement, l’ensemble des instituts s’accordent pour prédire une abstention électorale supérieure à celle (déjà record) enregistrée en 2004, faisant des abstentionnistes le premier parti de France.

Côté intentions de vote, peu de divergences se sont fait jour d’un institut à un autre cette semaine, exception faite de la forte poussée des Listes Europe Ecologie décelée par la Sofres et confirmée par un sondage Ipsos transmis à la presse et aux états-majors politiques dans la journée du 6 juin.

Toutefois, si cette dynamique a bien été observée par l’ensemble des instituts, tous ne s’accordent pas sur son ampleur. Cette dynamique, qu’il conviendra de vérifier ce soir, s’opèrerait principalement au détriment du Mouvement Démocrate pour lequel l’ensemble des instituts ont confirmé une baisse de régime en fin de campagne. Il n’empêche, avec 15% des suffrages (voire plus), nul doute que les listes Europe Ecologie pénaliseront également celles du Parti Socialiste qui pourraient, à l’échelle nationale, ne pas atteindre le seuil symbolique des 20%.

Plus bas, le Front de Gauche emmené par Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet semble avoir pris l’ascendant sur le Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot. Toutefois, l’écart en faveur des listes du premier sur celle du second apparaît bien faible. Une surprise n’est donc pas impossible ce soir.

Au final, une seule certitude : les listes UMP-Nouveau Centre devraient arriver nettement en tête à l’échelle nationale. Cette première place ne faisant guère de doute, il conviendra toutefois de regarder de très prêt la proportion de suffrages s’étant portés, dans chaque région, sur la liste liste en soutien à Nicolas Sarkozy.

Voici la moyenne issue du cumul des dernières enquêtes d’intentions de vote rendues publiques par les les principaux instituts (CSA, Ifop, Ipsos, Opinion Way, TNS)

- LO : 1,5%
- NPA : 5%
- Front de Gauche : 6%
- PS : 20%
- Europe Ecologie (Verts) : 12,5%
- MoDem : 12,5%
- UMP-Nouveau Centre : 26,5%
- LIBERTAS (MPF/CPNT) : 5%
- DLR : 1%
- FN : 6%
- Autres listes : 4%

(*) Paradoxalement, ce score s’avère nettement supérieur à celui mesuré une semaine avant le scrutin de 2004 par le même institut (36%)... ce que ne relève pas l’institut.

Yves-Marie Cann  (63 Posts)

Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.