Primaire socialiste : Ségolène Royal l’outsider

Troisième article de notre série consacrée à l’analyse des forces et faiblesses des principaux candidats à la primaire socialiste dans les récentes enquêtes d’opinion. A l’honneur aujourd’hui : Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes et candidate (PS) à l’élection présidentielle 2007.

Donnée largement favorite en 2006 par les enquêtes d’opinion réalisées dans la perspective de la primaire 2006 alors réservée aux seuls militants socialistes (1), Ségolène Royal apparaît aujourd’hui nettement distancée par François Hollande et Martine Aubry. En termes de préférences exprimées par les sympathisants de gauche et/ou les Français ayant l’intention de participer à la primaire 2011, le score de la présidente du collectif Désirs d’avenir oscille entre 9% chez Harris Interactive pour Le Parisien et 16% chez CSA pour BFMTV/RMC/20Minutes, en passant par 13% dans la dernière livraison Ifop pour Le Journal du Dimanche.

Distancée par ses deux principaux concurrents, Ségolène royal dispose pourtant d’atouts dans la perspective du vote du 6 octobre. Car ce qui étonne à l’analyse des préférences exprimées par grandes catégories de population, c’est sa capacité – peu observée chez ses concurrents – à réaliser chez certaines d’entre elles des scores nettement supérieurs à sa moyenne nationale. Quelques exemples : les jeunes âgés de moins de 30 ans (29%, soit +13 points), les catégories populaires (24%) et les titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat (Sans diplôme : 22% ; BEPC, CAP, BEP : 24%). Autant d’indices qui tendent à faire de Ségolène Royal la candidate de la « France d’en bas » chère à Jean-Pierre Raffarin, ou du moins de ceux en quête d’élévation sur l’échelle sociale.

Toutefois, Ségolène Royal pâtit d’une forte désaffection de ses électeurs à la présidentielle 2007, ce phénomène illustrant probablement une cassure dans la relation qu’elle avait réussi à établir avec de larges pans de la population il y a quatre à cinq ans. A cet égard, il est particulièrement symptomatique de constater que seuls 14% de ses électeurs le 22 avril 2007 déclarant une intention de participer à la primaire envisagent de lui apporter leur soutien.

Faut-il pour autant en conclure à la disqualification de Ségolène Royal ? Il y a ici un pas que je ne franchirai pas. Pour deux raisons principales. Tout d’abord, et je ne cesse de le rappeler, les enquêtes d’opinion publiées par les instituts d’études et de sondages ne reflètent que les préférences exprimées par un corps électoral par nature mouvant, et ce jusqu’au dernier moment. Ces études, fort utiles pour évaluer les dynamiques de campagne, doivent donc être commentées et interprétées avec précaution. Autre élément déterminant à ne pas négliger : il reste plus de 40 jours de campagne ; au cours de ce laps de temps beaucoup de choses peuvent arriver. Les rapports de force peuvent évoluer, des incidents de campagne renverser ou insuffler des dynamiques, etc. A ce stade, la balle est dans le camp des candidats, qu’ils en fassent bon usage !

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(L’analyse détaillée par segments de population est basée sur la dernière livraison de l’enquête CSA “La Course 2012″)

(1) Rappelons à ce propos que les dernières enquêtes Ifop et CSA réalisées en novembre 2006 créditaient Ségolène Royal de 58% des préférences exprimées, son score dans les urnes socialistes s’étant finalement élevé à 60,65%. (Ipsos : 66%, Opinion Way : 56%).

Yves-Marie Cann  (63 Posts)

Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.