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Primaire socialiste : premier bilan avant le premier tour

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Établir un premier bilan de la campagne pour la primaire socialiste nécessite d’analyser celle-ci à travers le prisme des deux principaux objectifs communs à tout processus électoral : un objectif général de mobilisation et un objectif particulier de décision. Le premier renvoie à la capacité des candidats, aidés par la structure de campagne et les relais médiatiques, à susciter l’intérêt de la population pour le scrutin, lequel devra ensuite se concrétiser par un vote. L’objectif de décision renvoie pour sa part à l’arbitrage des votants qui apporteront leur suffrage à un candidat. Pour ce faire, chacun des candidats engagés dans la compétition électorale cherche à accroître sa part de voix ; soit pour s’assurer de sa qualification pour le second tour, soit pour capter une fraction significative de suffrages lui permettant de peser sur l’issue du scrutin en cas de second tour.

Un potentiel de participation non négligeable mais qui ne progresse pas en cours de campagne.

Véritable O.V.N.I. (Objet de Vote Non Identifié) dans le paysage politique français, la primaire socialiste a incontestablement suscité l’intérêt d’une fraction non négligeable de la population. Deux séries de données illustrent ce phénomène : l’intention déclarée d’aller voter le 9 octobre et, plus récemment, les scores d’audience enregistrés par les trois débats télévisés organisés pour aider les électeurs à faire leur choix.

Régulièrement évaluée depuis janvier 2011 par l’institut CSA[1], l’intention de voter pour la désignation du candidat socialiste s’est maintenue à un niveau minoritaire quoique non négligeable. Et si une légère baisse tendancielle apparaît au fil des derniers mois, l’intention de participer perdant cinq points en neuf entre janvier et septembre, il convient sans doute de l’attribuer à une meilleure information des Français sur le processus et ses contraintes (inscription sur les listes électorales, contribution de un euro le jour du vote et adhésion aux valeurs de gauche). La nature partisane de la compétition, réduite à départager cinq candidats socialistes et un radical de gauche, a elle aussi pu jouer en faveur de cette légère décrue. Au final, le potentiel de participation s’avère extrêmement proche de l’audience partisane du Parti socialiste (aux alentours de 25%). Le noyau dur de l’électorat potentiel, où se situent ceux qui iront effectivement voter, est quant à lui resté extrêmement stable, la proportion de Français se déclarant « certain d’aller voter » en septembre étant égale à celle mesurée dès janvier (14%).

Surtout, les records d’audience enregistrés par les débats télévisés organisés à cette occasion attestent de l’intérêt suscité par la désignation du candidat socialiste à l’élection présidentielle : 5 millions de téléspectateurs le 15 septembre (France 2), 1 million le 28 septembre (i-Télé) puis 1,4 million lors du troisième débat organisé le 5 octobre (BFMTV).

Cet intérêt se traduira-t-il par une participation électorale importante dimanche ? A date, ces indicateurs laissent à penser que le seuil symbolique du million de votants devrait être atteint, permettant aux promoteurs de la primaire de gagner leur pari. Il apparaît toutefois peu probable qu’elle dépasse les 2 à 3 millions de participants, ce qui serait d’ores-et-déjà considéré comme un véritable succès par bon nombre d’acteurs. A contrario, une participation jugée trop faible, inférieure au million d’électeurs, pourrait être comme une épine dans le pied du candidat désigné.

Une campagne sans effet majeur sur les préférences exprimées par l’électorat potentiel.

En dépit de toute la prudence qui s’impose à la lecture des enquêtes publiées compte-tenu de l’absence de précédent dans l’histoire politique française, trois enseignements clés peuvent être tirés du suivi barométrique réalisé par l’institut CSA.

Ensemble des Français ayant « probablement » ou « certainement » l’intention d’aller voter.

Rappel
Juillet 2011
%

Rappel
Août 2011
%

Septembre 2011
%

Evolution juil. / Sept.

- François Hollande

34

37

34

=

- Martine Aubry

32

31

27

-5

- Ségolène Royal

16

16

19

+3

- Arnaud Montebourg

1

5

6

+5

- Manuel Valls

3

3

4

+1

- Jean-Michel BAYLET

1

<1

1

=

Ensemble des sympathisants socialistes ayant « probablement » ou « certainement » l’intention d’aller voter.

Rappel
Juillet 2011
%

Rappel
Août 2011
%

Septembre 2011
%

Evolution juil. / Sept.

- François Hollande

41

45

47

+6

- Martine Aubry

41

39

31

-10

- Ségolène Royal

11

10

9

-2

- Arnaud Montebourg

1

3

4

+3

- Manuel Valls

2

2

5

+3

- Jean-Michel BAYLET

<1

<1

1

-

Tableau : Les préférences de choix (Source : institut CSA, La Course 2012)

Le premier – et non des moindres – est l’absence de dynamique d’opinion apparente pour les préférences exprimées en faveur de la désignation de François Hollande parmi les électeurs potentiels. Ceci ne doit cependant pas masquer le fait que, parmi les seuls sympathisants socialistes manifestant leur intention de participer au scrutin, celui-ci enregistre une progression constante à chaque mesure, cumulant au final un gain de 6 points depuis juillet.

L’avance prise par le Député de Corrèze sur Martine Aubry s’explique principalement par les difficultés rencontrées par cette dernière. Auprès de l’ensemble des électeurs potentiels, elle perd cinq points au cours de la campagne. Cette chute apparaît d’ailleurs beaucoup plus prononcée auprès des seuls sympathisants socialistes (-10 points). Alors qu’elle faisait jeu égal avec François Hollande auprès de cette cible stratégique en juillet, la Maire de Lille apparaît nettement distancée en termes de préférences exprimées avec un différentiel de 16 points entre les deux candidats.

Troisièmement, les « petits » candidats capitalisent inégalement malgré leur visibilité renforcée. Parmi eux, Arnaud Montebourg est celui qui semble le mieux tirer son épingle du jeu, les préférences exprimées en sa faveur passant de 1% à 6% en trois mois chez les électeurs potentiels. Les gains s’avèrent plus limités et équivalents à ceux de Manuel Valls auprès des seuls sympathisants socialistes : +3 points.

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[1] Dans le cadre du dispositif d’enquêtes barométriques « La Course 2012 » réalisé en partenariat avec BFMTV, RMC et 20 Minutes.

Yves-Marie Cann  (63 Posts)

Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.


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