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Présidentielle : à J-100 les jeux ne sont pas faits !

Ironie du sort : du cap symbolique des 100 jours précédant le premier tour de la présidentielle 2012, l’histoire politique retiendra probablement la perte du triple A français chez Standard’s & Poor et un « Pari perdu » pour Nicolas Sarkozy. S’il est encore trop tôt pour en évaluer les conséquences sur l’élection, un point d’étape sur les intentions de vote s’impose. Petit retour en arrière et analyse des tendances en ce début d’année.

Présidentielle 2002 : requiem d’un duel annoncé. Les plus jeunes d’entre nous ne s’en souviennent peut-être pas mais la campagne présidentielle 2002 eut lieu dans une configuration politique et institutionnelle assez exceptionnelle. A l’issue d’une cohabitation de cinq ans, le Président en exercice et son Premier ministre s’apprêtent à entrer dans l’arène électorale pour une bataille décisive : l’espoir d’une revanche sur 1995 pour Lionel Jospin, l’objectif de laver l’affront des législatives perdues en 1997 pour Jacques Chirac. A 100 jours environ de l’élection, Jacques Chirac apparaît en tête des intentions de vote (28%),  Lionel Jospin accusant déjà un retard important (21,5%). Jean-Marie Le Pen est crédité de 10% des voix, Bruno Mégret 2%. Le 21 avril 2002, les candidats d’extrême droite totaliseront 19,2% des suffrages exprimés, le président du Front national se qualifiant de peu pour le second tour. Nous étions donc (très) loin du rapport de force final après une campagne marquée par la forte volatilité des électorats et une abstention record.

Présidentielle 2007 : la « rupture ». Pour la deuxième fois sous la Cinquième République, l’issue de l’élection se jouera en l’absence soit du président sortant (De Gaullle en 1965, Giscard d’Estaing en 1981, Mitterrand en 1988, Chirac 2002) soit d’un  finaliste au scrutin précédent (Mitterrand en 1974 et 1981, Chirac en 1995). Le cap des 100 jours est marqué par l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy lors d’un discours d’investiture prononcé Porte de Versailles à Paris (« J’ai changé », 14 janvier 2007), quelques jours à peine après l’épisode de « la bravitude » savamment exploité par son camp à l’encontre de Ségolène Royal. Dès les enquêtes réalisées mi-janvier 2007, Nicolas Sarkozy prend l’ascendant sur la candidate socialiste et le conservera peu ou prou jusqu’à l’élection. C’est aussi passé le cap des 100 jours que François Bayrou enregistre une véritable dynamique de campagne et franchit fin janvier 2007 le seuil des 10% d’intentions de vote.

Les tendances à 100 jours du 22 avril 2012. Les enseignements de la dernière enquête de l’institut CSA sont multiples. Marine Le Pen, qui s’est située à un haut niveau tout au long de l’année 2011 enregistre la plus forte progression en ce début d’année : +3 points, à 19% d’intentions de vote. La dynamique observée en fin d’année 2011 pour François Bayou est confirmée et amplifiée : +2 points ce mois-ci, et +6 points en deux mois. Parallèlement, l’effritement du score cumulé des deux premiers candidats se poursuit : ils totalisaient en octobre/novembre 6 intentions de vote sur 10 environ contre 55% ce mois-ci. François Hollande conserve toutefois la tête du classement (29%, -3 points). Depuis sa désignation à la primaire socialiste, le favori à 100 jours de l’élection a perdu 6 points, revenant au niveau qui était le sien en septembre 2011. Quant à Nicolas Sarkozy, il se maintient à 26%, un score sensiblement inférieur à celui obtenu au premier tour de la présidentielle 2007. Le processus de solidification du rapport de force politique semble quant à lui enclenché : la proportion d’électeurs se déclarant « sûr de son choix » au premier tour progresse de 5 points en un mois. Toutefois, près d’un électeur sur deux déclare pouvoir changer d’avis d’ici l’élection. A 100 jours du premier tour, ni les scores, ni l’ordre d’arrivée ne sont donc fixés. Plus que jamais, l’élection présidentielle n’est pas jouée d’avance !

Crédit illustration : Fédération Française de Judo

Yves-Marie Cann  (63 Posts)

Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.


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3 Responses to "Présidentielle : à J-100 les jeux ne sont pas faits !"

  1. Peut-être serait-il temps de se demander si l’un des candidats aux présidentielles est le plus grand séducteur du monde ? La chanson de François Perrot tombe à point : elle vous donne la réponse ! Ecoutez « le plus grand séducteur du monde » sur You Tube et sur http://www.chansons-perrot.com . Dites-en du bien autour de vous. Merci.

  2. 2012 dit :

    Effectivement rien n’est encore fait et comme en 2007 il risque d’y avoir encore des surprises. Les sondages, aussi nombreux et ficelés soient-ils, ne resta que des chiffre qui ne prennent pas en compte « l’état » des personnes au moment de voter.

  3. Sahimi dit :

    Bonjour, Voulez-vous diversifier les sondages, en tant que divers, sans étiquette, sans vignette dans la course à l’Élysée notamment, Candidat Indépendant de tout parti politique à l’élection Présidentielle de 2012, afin de prendre en compte l’ensemble des Candidats lors des statistiques et non, se limiter au seul clivage politique comme dans toutes les intentions de vote. Voilà.