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Philippe Chriqui (ExpressionPublique.com) : « Pourquoi François Bayrou plafonne dans les sondages »

François Bayrou a bénéficié en début d’année d’une dynamique remarquable dans les enquêtes d’intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle. Toutefois, le candidat du MoDem semble enregistrer ces derniers jours une certaine stagnation, voire une érosion de son socle électoral. Nous reproduisons ci-dessous, avec l’autorisation de son auteur, un article paru ce jour dans le NouvelObs.com à ce sujet.

Après un départ en campagne en fanfare, François Bayrou marque le pas. Il stagne autour de 12% dans les intentions de vote en dépit de la présentation de son programme. Résultat d’un déplacement stratégique qui ne porte pas ses fruits.

L’équation à plusieurs inconnues de François Bayrou, il est vrai, n’est pas simple à résoudre. Il doit récupérer ses électeurs, élargir son espace politique, dépasser son plafond de 2007 et se préparer à toutes les hypothèses de second tour. Or François Bayrou est agrégé de lettres, pas de mathématiques.

Lire Marx. Le capital comme valeur cardinale. La façon dont François Bayrou a soudainement doublé son capital électoral lors de son entrée en campagne (de 7% à 15% d’intentions de vote entre début et mi-décembre) s’explique aisément. En se réaffirmant comme le candidat de l’extrême centre, il a ouvert le réfrigérateur resté porte close depuis 2007. Il a fait revenir à lui ses électeurs restés au frais. Avant le lancement de sa campagne, il ne rassemblait qu’environ 30% de ses anciens soutiens de la dernière présidentielle. Mi-décembre, il avait provoqué le retour au bercail de presque 60% d’entre eux. Son capital comme fruit de son premier travail.

Lire l’Ecclésiaste. La vanité comme stratégie. Au centre de l’attention, l’ivresse de sa progression a insinué à François Bayrou l’audace d’aller concurrencer Nicolas Sarkozy comme possible candidat alternatif de droite. Avec le ralliement de poids plumes du centre, il a donné l’impression de ressusciter l’ancienne UDF. Enfin, par un coup de coude habile et cruel, François Hollande lui a courtoisement fermé la porte d’une éventuelle alliance à gauche entre les deux tours et l’a repoussé vers son centre de gravité d’origine. Aujourd’hui, une part de ses anciens électeurs de centre gauche restent fidèles à François Hollande (environ un sur cinq) et François Bayrou ne rassemble guère plus que 40% de ses anciens électeurs. Vanité des vanités.

Lire La Fontaine. La force de la fable. François Bayrou doit reconstituer ses forces pour retrouver son niveau de 2007, préalable nécessaire mais pas suffisant pour viser le second tour. Il doit percer son plafond et se créer un espace. En clair, il doit bouger les murs, car le total de voix exprimées ne dépasse jamais les 100%. Mais avant de se faire plus grosse que le bœuf, la grenouille a tout intérêt à être solide. Or aujourd’hui, l’électorat de François Bayrou est le plus fragile de tous. 60% de ceux qui ont l’intention de voter pour lui déclarent qu’ils pourraient changer d’avis. A l’inverse, la majorité des autres électorats est solide : plus de 70% les électeurs de François Hollande et Nicolas Sarkozy et près des deux tiers de ceux de Marine Le Pen se disent sûrs de leur décision. François Bayrou sait ce qu’il peut perdre ; mais il ne sait pas où il peut gagner.

La lecture erronée. Le choix du glissement stratégique vers le centre droit résulte d’une mauvaise lecture de la situation de Nicolas Sarkozy. Le président sortant est peut être affaibli politiquement, mais il ne baisse pas électoralement. Sa situation est stable. Impopulaire dans le pays, il dispose toutefois d’un noyau dur  d’environ 25% de l’électorat. Nicolas Sarkozy étant bas, il est  difficile de lui mordre les mollets. Ses électeurs ne sont pas les plus nombreux, mais ils sont déterminés. De fait, François Bayrou n’attire guère plus de 10% des électeurs de 2007 de Nicolas Sarkozy. Ceux là ne croient pas à une alternative au centre.

Par conséquent, François Bayrou est condamné à une drôle de campagne à contre-emploi. Il fixe les électeurs du centre droit les empêchant de rejoindre l’opposition, ce qui sert Nicolas Sarkozy. Et il offre à Hollande de bons reports au second tour, ce qui facilite le travail du candidat de gauche. Un peu le contraire d’une stratégie gagnante.

Philippe Chriqui – Analyste politique, directeur d’Expression publique

Sources :
Ipsos/Logica pour France Télévisions, Radio France et Le Monde – Novembre 2011 – Février 2012
IFOP Paris Match / Février 2012

Yves-Marie Cann  (63 Posts)

Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.


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3 Responses to "Philippe Chriqui (ExpressionPublique.com) : « Pourquoi François Bayrou plafonne dans les sondages »"

  1. Mouret dit :

    Pourquoi tjrs parler de la gauche et de la droite !

    Si le centre existe c’est d’abord lui qu’il faut constituer et

    reconstituer autour de la personnalité et du projet de F. Bayrou !

    Je n’entends pas assez parler exclusivement du projet-programme de

    F.B. pourtant c’est eux seuls qui m’intéressent !

    Il me semble que la stratégie qui consiste à renforcer le coeur du

    centre en premier est la seule valable !

    Plus tard si cela a marché, il sera tjrs temps de proposer projet par

    projet des alliances à droite ou à gauche, voire un choix de

    gouvernement d’union nationale .

    Pour l’instant tactique des coups de becs à droite ou à gauche me

    semble bien commune, illisible, suicidaire !

    Je ne peux retrouver ainsi mon candidat de 2007 et je reste dans

    l’expectative et je pense que bcp de français font de même .

    Cordialement .

    Clemy

  2. [...] dans les enquêtes d’intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle.Via http://www.election-presidentielle.fr Partager cet [...]

  3. Parciparla dit :

    La droite et la gauche sont fortement ancrées dans les esprits et il n’est pas facile de changer les mentalités.
    Bayrou y parviendra t-il ?, j’espère…..