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Bienvenue en phase de cristallisation électorale !
A près de 40 jours du premier tour de l’élection présidentielle, les électorats entrent de la phase critique dite de « cristallisation » qui fige progressivement, parmi les candidats, les positions des uns et des autres. En d’autres termes, plus nous nous approchons du jour du scrutin et plus leur capacité à faire évoluer le rapport de force politique mesuré dans les enquêtes d’intentions de vote se réduit. De premiers indices attestent de ce phénomène en 2012.
Interrogés en début de semaine par l’institut CSA pour son baromètre de suivi de l’élection présidentielle avec BFMTV, RMC et 20 Minutes, quatre électeurs sur dix exprimant une intention de vote de premier tour déclaraient pouvoir encore changer d’avis, soit un nombre conséquent d’électeurs. A un tel niveau d’indécision, des mouvements d’opinions importants peuvent intervenir au cours des prochaines semaines et bouleverser le rapport de force mesuré dans les enquêtes d’intentions de vote. Toutefois, la proportion d’électeurs se disant sûr de son atteint désormais 60%, en constante progression depuis plusieurs semaines : +13 points depuis décembre, dont +8 points au cours des quatre dernières semaines !
Cette phase de cristallisation électorale est d’ailleurs concomitante d’un intérêt accru des électeurs pour la campagne présidentielle. Ici encore, des éléments objectifs permettent de mesurer ce phénomène. Si l’on se réfère à l’enquête mentionnée plus haut, plus de sept électeurs interrogés sur dix affirmaient s’intéresser à la campagne présidentielle, un indicateur en hausse de 6 points par rapport à début janvier. Cet intérêt apparaît toutefois très variable d’une catégorie de population à l’autre puisqu’il oscille entre 66% chez les ouvriers et 85% chez les cadres. De même, les personnes les moins diplômées ne sont que 57% à s’intéresser à la présidentielle, contre 82% des titulaires d’un diplôme supérieur au niveau bac+2 ans. Les prochaines semaines seront par conséquent déterminantes pour mobiliser les segments de population où se recrutent traditionnellement en nombre les abstentionnistes. Une incertitude demeure : à qui la mobilisation de ces électeurs profitera-t-elle ? Réponse le 22 avril !
Fondateur et animateur du site. Directeur des études politiques chez Elabe, cabinet d'études et de conseil indépendant. Auparavant directeur-adjoint du Pôle Opinion-Corporate de l'Institut CSA, après sept années passées au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Les articles publiés ici n'engagent que leur auteur.
[...] Il serait difficile à Nicolas Sarkozy d’attirer à lui ces électeurs frontistes réfugiés à gauche, d’autant qu’une partie non négligeable d’entre-deux (entre 15% et 30% d’après les reports de voix publiés par les instituts) voteraient quoiqu’il en soit pour le candidat socialiste au second tour. On note que les deux instituts qui ont interrogé les sondés sur les seconds tours après avoir testé le premier tour sans Marine Le Pen enregistrent des résultats conformes aux résultats classiques, c’est-à-dire marqués par une très nette victoire de François Hollande : 58% contre 42% pour BVA, 59% contre 41% pour IPSOS. Ainsi, le changement de configuration esquissé au premier tour n’aurait pas de conséquence sur le second, conséquence de la forte cristallisation des électeurs à quelques semaines du scrutin. [...]