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Ce que disent les sondages d’intentions de vote
Une fois de plus, les enquêtes d’intentions au premier tour de l’élection présidentielle ont suscité un certain émoi. Les contradictions apparentes de ces enquêtes ont en effet favorisé l’émergence de commentaires divers, chacun voyant midi à porte. Mais tous comptes faits, ne faisons-nous pas dire aux sondages plus qu’ils nous apportent ? J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mon point de vue à ce sujet, et notamment sur la nécessité de lire avec tout le recul et toute la prudence nécessaires les résultats publiés à un rythme désormais quotidien. A moins de quarante jours du premier tour, passage en revue des dernières enquêtes publiées.
Deux favoris, trois challengers. Toutes les enquêtes d’intentions de vote s’accordent sur ce point : à ce stade de la campagne électorale, François Hollande et Nicolas Sarkozy sont ceux qui ont le plus de chances d’être qualifiés pour le second tour. L’institut CSA les crédite chacun de 28% dans sa dernière enquête d’intentions de vote, l’Ifop donne 28,5% au président sortant contre 27% au candidat socialiste, la Sofres attribue 26% au premier et 30% au second. Quel que soit l’institut considéré, tous deux devancent nettement Marine Le Pen qui fait la course en tête parmi les challengers, c’est-à-dire les candidats obtenant aujourd’hui un score compris en 10% et 20%. Outre Marine Le Pen, il s’agit de François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. Enfin, tous les autres candidats testés par CSA, Ifop et Sofres obtiennent des scores très faibles, inférieurs à 3%.
« Too close to call ». Le débat porte en réalité sur le classement des deux favoris du moment, sur lequel tout le monde se focalise. A tort malheureusement. Sans doute n’insisterons nous jamais assez sur le fait que les résultats de ces enquêtes ne sont que la mesure d’un rapport de force non définitif, c’est-à-dire qu’il évolue en permanence, jusqu’à l’élection. Tant qu’un électeur n’a pas déposé un bulletin de vote dans l’urne, il peut changer d’avis et donc d’intention de vote. Pour cette raison, les sondages ne sont pas des outils de prédiction des résultats le jour du vote. De plus, travailler sur des échantillons, aussi fiables soient-ils, suppose d’accepter qu’il existe un intervalle de confiance, une marge d’erreur autour des résultats publiés. Quelque soit l’institut étudié, la prise en compte des marges d’erreur démontre que Nicolas Sarkozy et François Hollande sont aujourd’hui dans un mouchoir de poche et que l’avance que peut avoir l’un sur l’autre aujourd’hui est extrêmement fragile : elle peut être démentie dès le lendemain. Admettons une marge d’erreur de +3 à -3 points pour les résultats rappelés plus haut. Dans cette hypothèse, les chiffres publiés se recoupent, tant pour François Hollande que Nicolas Sarkozy. L’information apportée par ces sondages en donc qu’en l’état de la campagne il existe une incertitude très forte quand à l’ordre d’arrivée, le champ des possibles étant encore très large à ce stade.
La campagne n’est pas terminée. L’issue de l’élection présidentielle dépendra avant tout de la campagne qu’auront menée les candidats en lice. La prochaine publication par le Conseil Constitutionnel de la liste des candidats ayant obtenu les 500 parrainages requis pour se présenter au premier tour permettra de clarifier l’offre électorale dès la semaine prochaine. De plus, la mise en oeuvre du principe d’égalité des temps d’antenne et de parole à la télévision et à la radio, aussi contestable soit-elle dans ses modalités pratiques, permettra aux « petits » candidat de gagner en visibilité et pourrait leur permettre de gagner des intentions de vote. Plus que jamais, le rapport de force mesuré aujourd’hui dans les sondages n’est pas figé. Bien au contraire, il est mouvant et instable.
Catégories: 2012, Sondages, Sondages · Tags: CSA, François Bayrou, François Hollande, Ifop, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, TNS Sofres
Tout cela est parfaitement exact. Aujourd’hui les sondages placent deux candidats en tête et l’écart est trop faible pour que l’on sache qui est le premier dans l’opinion. La tendance centrale, seule publiée, n’est pas assez précise et, compte tenu de la taille des échantillons (un millier de sondés), la marge d’erreur + ou – 3 points, ne permet pas de distinguer clairement la position de l’un et de l’autre. Celle-ci peut donc varier d’un sondage à l’autre et il est parfaitement inutile de gloser sur des variations qui n’ont aucune signification en terme de tendance. La manie des commentateurs doit donc être prise pour ce qu’elle est: un exercice vain quand il n’est pas tout simplement guidé par une volonté de propagande.
L’égalité des temps de parole devrait favoriser les petits candidats s’ils savent faire valoir leurs idées. On peut donc s’attendre à un effritement des ténors sans qu’il faille, là aussi, en tirer des enseignements péremptoires.
Ce qui comptera le plus, c’est la réserve de voix sur laquelle chacun des deux candidats sélectionnés à l’issue du premier tour pourra compter. Là est le point essentiel. A priori, Hollande, s’il se qualifie, devrait pouvoir compter sur bon nombre des voix qui se seront portées sur Mélenchon et sur Joly et, dans une moindre mesure, sur celle de Poutou et de Artaud. Pour Sarkozy, l’exercice est plus délicat; combien d’électeurs de Marine le Pen et de Bayrou voteront pour lui? Il est difficile de le dire. Et c’est pourtant ce qui assurera la victoire de l’un ou l’autre candidat au second tour.