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Petite Chronique d’Une Election 39 – La Déprime du Candidat

Voilà, c’est bientôt fini, dans 10 jours c’est la « quille », finito la campagne, finito et à moi les ponts du moi de mai !

Là je n’en peux plus, il est vraiment vraiment temps que cela se termine ; des mois à se lever tôt le matin pour aller dans des villes où je mets les pieds une fois tous les cinq ans – au mieux ! -, des serrages de main à n’en plus finir – parfois moites les mains -, des bisous sur des joues fardées par centaines et des admirations feintes pour des enfants qui ont l’air surtout infernaux.

Et la nourriture, la nourriture, ah parlons-en ! Des demis de bière tiède, des verres de vin qui ressemblent à du détergent, des viandes trop ou pas assez cuites – mais bon vaut mieux trop que pas assez, des poissons bourrés d’arêtes, des pâtés pâteux, des fruits au goût vraiment exotique et des îles flottantes qui flottent. Le régime idéal pour booster mon taux de cholestérol, affoler ma glycémie et changer toute ma garde-robe.

Et après les bains de foule et les banquets divers, c’est le meeting quasi quotidien ; je me retrouve sur une scène avec des spots qui m’aveuglent, je lis des discours qui ont été écrits pas d’autres – je leur avais pourtant dit que maintenant j’ai BESOIN de lunettes pour lire, parfois je ne suis pas sûr de comprendre ce que je dis – pourquoi « La France est la patrie héroïque des changements à venir » ?, là je cale -  et parfois même je ne suis pas d’accord avec ce que j’affirme dans des grands élans lyriques où je harangue des foules supposées être extatiques.

Puis vient le temps des debriefings, des commentaires, de la lecture des sondages : « vous avez gagné un demi-point, un demi-point, vous vous rendez compte c’est top ! » me souffle avec un  enthousiasme  incompréhensible mon spécialiste des études alors que j’ai fait des efforts démesurés pour arriver à ce résultat non significatif, ou bien alors je ne bouge pas dans les intentions de vote alors que j’enchaîne les interventions ratées et les émissions télé à l’audience morne comme un chocolat viennois sans chantilly..

Mais tout ça encore avec un peu de bonne volonté et une ambition un tantinet démesurée on y arrive, non le plus pénible ce sont les émissions télé : le maquillage qui me donne l’impression d’être au seuil de la momification, l’éclairage qui fait monter la température de 15° et me fait ressembler à un loukoum ruisselant, les mêmes questions posées par des journalistes que je connais par cœur et qui eux-mêmes seraient capables de réciter mes réponses, la conclusion en quinze secondes chrono où il faut définir son projet pour la France pour les 5 années qui viennent…là vraiment la télé c’est dur.

Alors après tout ça quand je rentre chez moi, je me regarde dans la glace, je me demande à quoi ça sert et pour ne pas avoir à répondre je vais me coucher. Voilà il reste 10 jours – et les gars pas de blague ne m’envoyez pas au second tour ! -, bon sang parfois que le temps est long.

Chem Assayag  (121 Posts)

Chem Assayag est notamment blogueur et écrivain. Il collabore au site Election Présidentielle depuis l’élection de 2007. Il est l’auteur de nombreux articles sur Agoravox, Rue 89, ou Mediapart. Il est le fondateur avec Nicolas Quint du site Neotopia qui aborde les questions économiques et sociales.


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One Response to "Petite Chronique d’Une Election 39 – La Déprime du Candidat"

  1. jacques goguy dit :

    Sarkozy, le rhéteur d’injustice dans un pays qui a perdu tout repère, ne peut nous offrir que des mensonges, et la misère. La rhétorique politique n’a jamais pris sur moi ; ni aucune rhétorique ; je n’aime pas les phrases ; je n’aime que les faits. La parole de Sarkozy est un chant ou rien d’humain ne reste.
    Nous vivons la rigueur d’une politique excessive dans son injustice.
    Voter Sarkozy, c’est rendre un culte au démon du Danube.