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Analyse des électorats potentiels de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy
La deuxième vague d’enquête du Baromètre Politique Français CEVIPOF-Ministère de l’Intérieur réalisée par l’Ifop du 11 au 26 septembre 2006 apporte un éclairage inédit sur la strcuture des électorats potentiels de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
En guide de préalable, on insistera à nouveau sur l’originalité de ce dispositif d’enquête puisque près de 5600 interviews sont réalisées lors de chaque vague d’enquête, soit un volume garantissant des analyses tout à fait fiables par segments socio-démographiques (les hommes, les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les cadres, les ouvriers, etc.) et par catégories politiques (les sympathisants du Parti socialistes, ceux de l’UDF, etc.). A titre de compraison, les enquêtes quantitatives régulièrement publiées dans la presse ne sont réalisées qu’auprès d’échantillons de 950 à 1000 individus (850 personnes pour les intentions de vote).
Par rapport à la première vague d’enquête réalisée au printemps 2006 en pleine constestation anti-CPE, le Président de l’UMP et la candidate socialiste dominent à nouveau l’ensemble des personnalités testées : près de la moitié des électeurs interrogés par l’Ifop (49%, +3 points) déclarent qu’il est « tout à fait probable » (18%) ou « plutôt probable » (31%) qu’ils votent pour Nicolas Sarkozy s’il est candidat au premier tour de l’élection présidentielle. Le président de l’UMP conforte ainsi son avance sur Dominique de Villepin (24%, -1 point) et Jacques Chirac (20%, +1 point). Quant à Ségolène Royal, elle bénéficie d’un score légèrement moindre, la probabilité de vote en sa faveur s’élevant à 46% (+1 point).
Les électorats potentiels de ces deux personnalités apparaissent à bien des égards distincts l’un de l’autre voire antagonistes, les forces de l’un(e) renvoyant quasi-systématiquement aux faiblesses de l’autre. L’âge, le niveau de diplôme et le statut de l’interviewé apparaissent à cet égard comme des critères particulièrement déterminants.
Les soutiens à Ségolène Royal se recrutent parmi les strates les plus jeunes de la population alors que Nicolas Sarkozy mobilise sur sa candidature les plus âgées. La candidate socialiste bénéficie en effet d’une nette avance sur son rival de droite auprès des électeurs âgés de 18 à 24 ans : 59% pourraient voter pour elle soit une avance de 23 points sur Nicolas Sarkozy auprès de cette cible. A l’inverse, le président de l’UMP pourrait compter sur 62% des électeurs âgés de plus 65 ans, soit une conforatable avance de 24 points sur Ségolène Royal.
Le Ministre de l’Intérieur parvient également à fédérer sur sa candidature la moitié des électeurs travaillant à leur compte contre seulement un tiers pour Ségolène Royal. A contrario, les salariés des secteurs privé et public optent plus fréquemment pour la candidate socialiste (respectivement 48% et 53% contre 43% pour le président de l’UMP).
Enfin, Ségolène Royal bénéficie d’un soutien nettement plus élevé que Nicolas Sarkozy chez les électeurs titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme de niveau bac +2 voire, dans une moindre mesure, parmi les diplômés de l’enseignement supérieur (respectivement 50%, 52% et 46% de potentiel électoral). A l’inverse, Nicolas Sarkozy parvient à creuser l’écart en sa faveur auprès des personnes peu voire pas du tout diplômées avec 55% de potentiel électoral contre 43% pour Ségolène Royal.
A l’instar de la vague d’enquête du printemps 2006, deux principaux facteurs permettent d’expliquer le potentiel électoral élevé dont bénéficient Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy :
- Une forte mobilisation autour de leur candidature, d’abord au sein de leur famille politique mais aussi au-delà.
Plus de neuf sympathisants de l’UMP sur dix (93%) déclarent qu’il est « tout à fait » ou « plutôt probable » qu’ils apportent leur suffrage à Nicolas Sarkozy, de même qu’une majorité des proches de l’UDF (56%, dont 12% de « tout à fait probable ») et du Mouvement Pour la France (67%, dont 21% de « tout à fait probable »). De plus, l’actuel Ministre de l’Intérieur séduit une proportion élevée d’électeurs se réclamant de Chasse, Pêche Nature et Traditions (53%) et du Front National (50%).
Le potentiel électoral de Ségolène Royal s’élève à 80% auprès des sympathisants du Parti Socialiste, soit un score légèrement inférieur à celui de Nicolas Sarkozy à l’UMP. Cet écart pourrait notamment s’expliquer par le processus de désignation interne toujours en cours au sein de la principale formation de gauche lors de la réalisation de cette enquête et qui engendrait une relative incertitude sur sa présence effective dans la prochaine compétition électorale. Ségolène Royal enregistre également des scores non négligeables au sein des autres formations de l’ancienne gauche plurielle : 57% au Parti Communiste et 56% chez les Verts. Sa capacité à mobiliser des soutiens à droite apparaît également élevée : 31% des sympathisants de l’UDF pourraient voter pour elle.
- L’avance de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy observée au printemps dernier sur plusieurs dimensions consubstantielles à la fonction présidentielle.
Ces deux personnalités sont les seules, avec un net avantage au président de l’UMP, auxquelles près de la moitié voire une nette majorité de l’électorat reconnaît une stature présidentielle : respectivement 58% (+3 points) et 49% (+1 point) estiment que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont l’étoffe d’un président de la République. A titre de comparaison, moins de trois personnes interrogées sur dix attribuent ce trait d’image à François Bayrou, Dominique Strauss-Kahn (29% chacun) et Laurent Fabius (28%).
Toutefois, signe d’une certaine fragilité de son assise au sein de l’électorat, Nicolas Sarkozy inquiète toujours près de la moitié des personnes interrogées (49%, inchangé), seul Jean-Marie Le Pen obtenant un score supérieur sur cet élément (66%). Cette dimension anxiogène associée à Nicolas Sarkozy demeure donc un élément non négligeable de fragilisation de sa candidature. A titre de comparaison, Ségolène Royal inquiète seulement 31% des électeurs interrogés. En outre, le Ministre de l’Intérieur pâtit d’un désavantage sur sa probable concurrente socialiste : 71% des électeurs considèrent que cette dernière est honnête alors qu’il ne sont « que » 60% à reconnaître cette qualité au Ministre de l’Intérieur.
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