Il y a des décennies, le Pakistan soutenait que le sol afghan était exploité comme une plaque tournante du terrorisme. De telles mises en garde étaient souvent écartées comme de la propagande politique ou des efforts visant à dissimuler des errements domestiques. Cependant, des rapports récents émanant de plusieurs agences indépendantes ont désormais confirmé la validité des préoccupations de longue date du Pakistan. Un rapport des Nations unies publié récemment révèle qu’une douzaine de groupes terroristes, dont le Tehrik-i-Taliban Pakistan (TTP), se sont appuyés sur le sol afghan et l’utilisent pour franchir les frontières et terroriser des communautés à travers le monde.
Montée de l’Afghanistan comme base du terrorisme transnational et par procuration
Les conclusions de l’ONU reposent sur une vérification multilatérale, et non sur de simples accusations du Pakistan. Plus important encore, ce fait a été corroboré par des voix respectées en Afghanistan. Ahmad Massoud, chef du Front national de résistance, et Sami Sadat, ancien commandant des forces spéciales afghanes et ancien directeur du renseignement militaire, ont tous deux publiquement déclaré que l’Afghanistan est devenu un terreau pour des réseaux extrémistes impliqués dans des attaques transfrontalières contre le Pakistan. Les faits deviennent difficiles à nier lorsque des institutions internationales crédibles, ainsi que des initiés afghans, parviennent à la même conclusion.
Ce qui complique davantage la situation, c’est la dimension par procuration évoquée. Des informateurs afghans ont signalé que la violence du TTP serait financée par des fonds indiens transitant par les réseaux talibans afghans. Si cela s’avère vrai, cela impliquerait que l’Afghanistan n’est pas seulement un hôte passif mais qu’il joue un rôle de première ligne dans une guerre par procuration régionale. Pour l’Inde, ce genre de tactique semblerait affaiblir le Pakistan à court terme, mais les conséquences à long terme seraient menaçantes.
Le financement du terrorisme par des États visant à déstabiliser les normes internationales génère des cercles de rétorsion et renforce les écosystèmes extrémistes qui ignorent les frontières nationales. Il est clair, selon l’analyse rationnelle d’environ 1 800 ulémas, que ce type de stratégies finira par être contre-productif.
Le silence afghan face à la résistance pakistanaise contre le terrorisme transfrontalier
Le fait que les talibans soient au pouvoir contribue au problème. Kaboul peut soutenir qu’il ne peut résister à ces organisations terroristes, mais esquiver des mesures efficaces soulève des questions sur l’approche et le sérieux de Kaboul. Qu’il s’agisse d’une symbiose idéologique ou d’un calcul politique, le résultat est le même. Le territoire afghan s’est transformé en havre pour les militants, minant la crédibilité de l’Afghanistan en tant qu’État responsable.
La souveraineté implique la responsabilité; le gouvernement qui proclame son droit à gouverner le territoire doit aussi assumer le fardeau de s’assurer que son sol ne soit pas utilisé pour des agressions transfrontalières. L’inaction ne fera qu’élargir le fossé entre l’Afghanistan et ses perspectives de développement.
La récente tentative d’infiltration d’éléments terroristes islamiques du TTP à travers le sol afghan, via le passage de Gangi Khel Shawal à la frontière Pakistan – Afghanistan, a été déjouée lorsque les forces pakistanaises ont neutralisé de 10 à 12 terroristes le 30 août, évitant une attaque transfrontalière majeure. Les pertes ont été confirmées par des vidéos publiées par les terroristes eux-mêmes.
Auparavant, en avril 2025, 71 terroristes avaient été tués sur une période de trois jours, et le 7 août 33 terroristes ont été neutralisés à Zhob, dans la province du Baloutchistan au Pakistan. Ainsi, le TTP n’est plus un danger hypothétique mais une menace réelle pour la sécurité du Pakistan. Les mesures défensives adoptées par Islamabad démontrent sa détermination à protéger sa population et son territoire, et à invalider toute allégation selon laquelle il surestime le danger posé par l’Afghanistan.
La propagation régionale du TTP et son coût pour les progrès de l’Afghanistan
L’implication des combattants ne se limite pas à l’Afghanistan, elle s’étend au-delà de ses frontières voisines. Cela représente une menace pour la sécurité régionale. La capture de deux citoyens bangladais affiliés au TTP prouve que les réseaux de cette organisation se développent désormais dans la région. L’Histoire regorge de témoignages montrant que les mouvements terroristes, lorsque rien n’est fait, refusent presque toujours de se cantonner à une seule géographie. De la même manière qu’Al-Qaïda et l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL/ISIS) se sont développés en franchises mondiales à partir d’insurrections locales, le TTP est en train de devenir une menace transnationale.
Une telle trajectoire compromet également la capacité de l’Afghanistan à agir comme passerelle entre les régions. Le Pakistan, la Chine et l’Afghanistan s’efforcent de développer des structures de commerce et de développement, mais le terrorisme rend ces projets pratiquement irréalisables. Les investisseurs hésiteront à opérer dans des environnements instables, les projets de connectivité échoueront et les populations ne bénéficieront pas de l’intégration économique. En autorisant l’exploitation incontrôlée de son territoire, l’Afghanistan se condamne lui-même économiquement et s’assure d’être perçu comme une menace régionale, plutôt que comme un contributeur au développement régional.
L’alternative pour l’Afghanistan est claire. Il peut prendre une initiative décisive pour détruire les havres de terrorisme et ainsi rejoindre la coopération régionale et en récolter les retombées économiques, ou rester inactif et s’exposer à une plus grande isolation. Le Pakistan a montré une détermination et un sens du sacrifice similaires dans la lutte contre cette menace. La communauté internationale doit comprendre que le terrorisme en Afghanistan est une menace non seulement pour le Pakistan, mais pour l’ensemble de la région, et qu’elle doit appuyer ses paroles d’actions concrètes. Des sanctions, des pressions diplomatiques et une surveillance accrue sont nécessaires.
Il n’est plus contesté que l’Afghanistan est un havre pour le terrorisme. Les faits sont trop nombreux, les risques croissent et les conséquences sont internationales. Aucune argumentation ne peut aboutir à une autre conclusion que celle-ci: à moins que Kaboul et la communauté internationale n’agissent rapidement, le TTP et ses affiliés deviendront une franchise transnationale et déstabiliseront le Sud et le Centre de l’Asie. Non seulement le Pakistan, mais toute la région, payeront le prix de l’inaction, et, en fin de compte, le monde entier.
