Dominique Barthier

Monde

La foi enchaînée : le détournement de l’islam par le Tehreek-e-Taliban Pakistan

Il existe un paradoxe malveillant qui hante encore la conscience humaine : il se cache dans un jargon religieux qui respire la violence et la vengeance, dans l’écho des cris de guerre et l’ombre de la fumée qui s’élève des décombres de vies brisées. Il y a ceux qui se disent combattants pour l’islam, mais qui agressent soldats et civils, proclament leur innocence et portent des armes mortelles comme s’il s’agissait de trophées fiers et honorables.

Des organisations comme Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) dans la ceinture tribale du Pakistan servent d’exemple flagrant d’un groupe qui viole les principes religieux qu’il affirme défendre. Le TTP est l’un des exemples les plus durables de terrorisme au Pakistan, qui mal interprète l’islam pour servir un objectif politique.

Le TTP — groupe apparu dans la ceinture tribale à la suite de l’intervention américaine en Afghanistan — visait à imposer sa propre interprétation tordue de la charria, qui visait non seulement les institutions de l’État mais aussi des civils innocents, des écoles, des travailleurs de la polio et des minorités religieuses — des actes qui entrent en conflit direct avec les enseignements islamiques.

Le TTP ne porte pas de griefs politiques ni ne cherche l’indépendance régionale comme beaucoup d’autres groupes militants ; au contraire, il utilise explicitement la violence comme une obligation religieuse. Cela rend son dévoiement des principes islamiques particulièrement significatif et pertinent à examiner dans le cadre de la radicalisation fondée sur la foi. La rhétorique extrémiste du TTP emploie un langage religieux pour justifier la violence, et il demeure crucial de revenir au vrai sens de l’islam pour contrer ces idéologies terroristes déformées.

La religion n’a jamais été la raison

La raison d’être de tels groupes extrémistes est ancrée dans des systèmes politiques et psychologiques et provient grandement d’un manque d’information et de l’état de dépression. Des recherches sur la pauvreté, les conflits et le développement au Pakistan ont montré que la pauvreté peut conduire à la radicalisation des croyances. De telles recherches démontrent que les problèmes financiers et sociaux, plutôt que les croyances religieuses, créent un cadre propice à l’adhésion à un groupe extrémiste.

Lorsque les jeunes sont privés d’espoir, d’éducation et d’opportunités, ils deviennent impressionnables et vulnérables. Cela crée un espace dont les terroristes peuvent tirer parti. Plutôt que d’être guidés par de véritables enseignements religieux, ces jeunes reçoivent une dose de colère et de ressentiment, présentés comme une dévotion envers Dieu. Par une telle manipulation, les actes de violence deviennent sacralisés à leurs yeux, légitimant la vengeance et le sacrifice comme quelque chose de sacré.

Une étude iranienne sur la résurgence du TTP montre que ce groupe, qui continue d’inspirer aujourd’hui des extrémistes radicaux, a agi en abandonnant tous les principes de bonté, d’équité et de modération établis dans l’islam. Ils sont devenus connus pour leur rigidité, rejetant toute différence et excluant les musulmans de leur communauté pour le moindre prétexte. Le TTP actuel a persisté dans ces actes et les a même intensifiés. Leur cruauté est movée par le fanatisme, qui méprise la miséricorde au cœur de l’islam.

Les enseignements islamiques authentiques n’autorisent jamais de telles actions

La religion, selon le Coran sacré et les enseignements du fondateur de l’islam, le Prophète Mahomet, n’a rien à voir avec la violence ; elle n’est jamais associée au feu et aux balles. En fait, dans l’islam, répandre la fitnah — discord et discorde — est considéré comme l’un des plus grands maux.

Dans la sourate Al-Ma’idah, verset 5:32, il est clairement dit : « Quiconque tue une âme, sauf pour en tuer une autre ou pour la corruption commise sur terre, ressemble à celui qui a tué l’humanité tout entière. » Si une vie est prise, c’est comme si tout l’univers était perdu. L’islam accorde le sacralité de la vie avec le plus haut respect. Mais ces groupes extrémistes déforment le sens des mots sacrés, isolent des passages des Écritures et conduisent les gens à soutenir leurs actions sanguinaires.

Tout en prétendant croire, les terroristes travaillent à contrôler la communauté en la menaçant.

Le terrorisme ne révèle que les valeurs morales basées et faibles de ceux qui le commettent. Ils prétendent chercher la justice, mais en réalité ils ne font que causer davantage de destruction et de ruine. Dans l’islam, la justice ne se poursuit pas par la violence et les armes ; au contraire, ses partisans recherchent la justice en utilisant des procédures respectueuses, la bonté et l’honnêteté.

Plusieurs sources islamiques (comme la Sirah et les recueils de Hadith) rapportent que lorsque le Prophète Mahomet a fait face à une persécution profonde à La Mecque, par le mépris, le boycott et des tentatives d’assassinat, il a fait preuve de retenue et a confié la justice à Dieu. Après la victoire musulmane en 630 de notre ère, connue sous le nom de la Conquête de La Mecque, il a marqué son triomphe non par la vengeance mais par une amnistie générale, pardonnant ses ennemis de longue date. Il prononça les mots célèbres : « Allez-y, vous êtes libres. »

Si la violence est justifiée au nom de la religion, elle devient d’autant plus dangereuse car les auteurs croient que leurs actes bénéficient d’une approbation divine.

Cependant, le Coran insiste à maintes reprises sur le fait que la paix doit être l’objectif premier des musulmans. Si deux groupes parmi les croyants en viennent à se disputer, la sourate Al-Hujurat (49:9) les exhorte à trouver une solution. « Si deux groupes parmi les croyants se mettent à se battre, alors établissez une réconciliation entre eux. Mais si l’un des deux opprime l’autre, alors combattez celui qui opprime jusqu’à ce qu’il revienne au commandement d’Allah. » Cette verset ne promeut ni rébellion ni terrorisme. Il ordonne de rechercher la paix et la justice dans le cadre d’une conduite morale et juste.

Le terrorisme nie la dignité humaine

Quoi qu’en affirment les propos, le terrorisme demeure un acte inhumain qui trahit la religion qu’il prétend défendre.

Un martyre supposé par le biais du meurtre, le plaisir pris à répandre le sang ou les attentats suicides ne sont pas des actes de foi véritable ; ils démontrent un manque de courage. La vengeance contre des innocents n’a pas d’honneur, et la haine n’apporte que davantage de souffrance. La véritable force réside dans le contrôle de soi, dans la capacité à pardonner à ceux qui méritent rétribution et à aider les autres plutôt que de répandre la peur.

Les actions de groupes comme le TTP contredisent les principes islamiques plutôt que de les représenter. Chaque bombe detonée et chaque balle tirée éloigne les gens du message de paix que porte l’islam.

Jihad, dans son véritable contexte islamique, symbolise la « lutte » sur le chemin d’Allah, incarnant les efforts visant à mener une vie vertueuse et à s’améliorer, faisant de la jihad un acte sacré. Mais au lieu d’utiliser le contexte spirituel réel, le TTP a radicalisé la jihad en semant le chaos, la confusion et la souffrance.

Les efforts doivent s’étendre au-delà des mesures de sécurité pour récupérer la véritable perception de l’islam. Les communautés, et surtout les jeunes, doivent être guidées vers les enseignements authentiques de la religion, qui mettent l’accent sur la vie plutôt que sur la mort et sur la foi plutôt que sur la peur. Ils doivent apprendre que la prière, la compassion et la paix sont plus forts que la violence, même face à l’oppression.

Des organisations comme le TTP tirent leur énergie du secret, du manque de connaissance, de la peur et de la division. L’antidote est la lumière. La lumière dans nos esprits, la lumière dans notre façon de traiter les autres, et la connaissance que l’islam est véritablement une religion de paix. Choisir la clémence plutôt que la vengeance nécessite une vraie force ; résister à la haine est bien plus puissant que le feu. Le feu ne peut pas égaler la force de la foi.

[Yaamini Gupta a édité cet article.]

Dominique Barthier

Dominique Barthier

Journaliste passionné par la vie publique, j'explore les rouages de la politique française depuis plus de dix ans. J’ai à cœur de rendre l'information accessible, rigoureuse et engageante pour tous les citoyens. Chez ElectionPrésidentielle.fr, je décrypte l’actualité avec une exigence constante de clarté et d’indépendance.